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tion que de s’armer pour la guerre. Et le ministère public accuse cette Assemblée de n’avoir pas voulu de l’entente, de ne l’avoir pas recherchée ?

L’Assemblée de Berlin s’abandonnait évidemment à la plus grande des illusions, ne comprenait ni sa propre position ni ses propres conditions d’existence quand, avant le conflit, pendant le conflit même, elle tenait pour possible une entente amiable, un accord avec la couronne et cherchait à le réaliser.

La couronne ne voulait pas d’entente, ne pouvait le vouloir. — Ne nous trompons pas, Messieurs les jurés, sur la nature de la lutte qui s’éleva en mars et se poursuivit ensuite entre l’Assemblée nationale et la couronne. Il ne s’agit plus ni d’un conflit ordinaire entre un ministère et une opposition parlementaire ; il ne s’agit pas d’un conflit entre des gens qui sont ministres et d’autres qui veulent le devenir ; il ne s’agit pas d’une lutte entre deux fractions politiques, au sein d’une Assemblée législative. Il est possible que des membres de l’Assemblée appartenant à la minorité l’aient cru. Ce n’est pas l’opinion des partisans du compromis, c’est la véritable situation historique de l’Assemblée nationale telle qu’elle s’est présentée à la suite de la révolution européenne et de la révolution de mars issue de cette dernière, qui l’a décidée. On était en présence non du conflit politique de deux fractions survenant dans les limites d’une même société, mais