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rappelez, Messieurs, que le roi, après son avènement au trône à Königsberg et à Berlin, s’était formellement engagé sur l’honneur à consentir un pacte constitutionnel. Vous vous souvenez qu’en 1847 le roi, en ouvrant la session de la Diète fédérale, jura bien haut qu’il ne souffrirait pas qu’il y eut un morceau de papier entre lui et son peuple. Après mars 1848 il s’est lui-même proclamé roi constitutionnel dans la constitution octroyée. Il avait glissé entre lui et son peuple un colifichet abstrait et latin, le morceau de papier. Le ministère public osera-t-il prétendre que le roi a donné, de son plein gré un démenti aussi éclatant à ses solennelles assurances, qu’il s’est, de son plein gré, rendu coupable, sous les yeux de toute l’Europe, de l’intolérable inconséquence d’approuver la transaction, la constitution ? Le roi faisait les concessions auxquelles le contraignait la Révolution. Ni plus, ni moins !

La comparaison populaire du ministère public ne prouve malheureusement rien ! Sans aucun doute, quand je fais une renonciation, je ne renonce à rien de plus qu’à ce à quoi je renonce expressément. Si je vous faisais un cadeau, il serait vraiment imprudent de vouloir m’obliger à vous rendre de nouveaux services en vous appuyant sur mon acte de donation. Mais, après Mars, c’était le peuple qui faisait le cadeau ; c’était la couronne qui le recevait. Il va de soi que le don doit s’interpréter au sens du donateur et non du bénéfi-