Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lois qu’elle-même a si honteusement abolies. Quand on a accompli une révolution avec succès, on peut bien prendre ses adversaires ; on ne saurait les condamner. Ennemis vaincus, on peut les mettre à l’écart, on ne saurait les juger comme des criminels. Une révolution ou une contre-révolution une fois accomplie, on ne peut tourner les lois que l’on a abolies contre les défenseurs de ces mêmes lois. Ce serait une lâche hypocrisie de légalité, que vous, Messieurs, vous ne sanctionnerez pas par votre verdict.

Je vous ai dit, Messieurs, que le Gouvernement avait faussé le jugement du peuple sur l’« acte de salut de la couronne ». Et cependant le peuple ne s’en est pas moins déjà prononcé contre la couronne et en faveur de l’Assemblée nationale. Les élections à la deuxième Chambre sont les seules légales, parce que seules elles ont été effectuées en vertu de la loi du 8 avril 1848. Presque tous les députés qui ont refusé de voter l’impôt ont été réélus membres de la deuxième Chambre. Mon coaccusé même, Schneider II, est député de Cologne. La nation s’est déjà prononcée en fait en faveur du droit que l’on contestait à l’Assemblée nationale de décider de refuser les impôts. Faisons abstraction de ce jugement suprême. Vous m’accorderez tous, Messieurs, que vous ne vous trouvez pas en présence d’un crime au sens ordinaire du mot, qu’il ne peut-être question de conflit avec la loi relevant de votre tribunal. Dans les cas ordinaires, le pouvoir public