Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Avant le 5 décembre, on pouvait apprécier différemment le transfert, la dissolution de l’Assemblée nationale, la mise en état de siège de Berlin. Après le 5 décembre, il est constant que ces mesures devaient préparer les voies à la contre-révolution. Dès lors tout moyen devenait légitime contre une faction qui ne reconnaissait même plus les conditions auxquelles elle était un Gouvernement. Le pays ne pouvait plus le reconnaître comme Gouvernement.

Messieurs, la couronne pouvait au moins sauver les apparences de la légalité. Elle a dédaigné de le faire. Elle pouvait chasser l’Assemblée nationale, puis présenter le ministère au pays en disant : « Nous avons fait un coup d’État ; les circonstances nous y contraignaient. Au point de vue formel, nous nous sommes mis au-dessus des lois. Mais il y a des moments critiques où l’existence même de l’État est en jeu. Dans de semblables circonstances, l’existence de l’État est la seule loi inviolable. Quand nous avons dissous l’Assemblée, la Constitution n’existait pas encore. Nous ne pouvions donc la violer. Deux lois organiques, la loi du 6 et du 8 avril 1848 existaient par contre. Mais, en réalité une seule loi organique, la loi électorale, était en vigueur. Nous invitons le pays à procéder à de nouvelles élections en vertu de cette loi-même. Nous, ministère responsable, nous nous présenterons devant l’Assemblée issue de ces élections. Cette Assemblée, nous y comptons,