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environ de toute l’année prussienne et beaucoup de régiments en station dans le pays provenaient des provinces orientales. À Cologne et dans d’autres villes, la garde nationale avait déjà été licenciée et désarmée. Mais il ne s’agissait pas de remporter un succès immédiat à Cologne, qui venait seulement d’être délivré de l’état de siège quelques semaines auparavant. Il importait de donner un exemple au reste des provinces et de sauver ainsi l’honneur de la province Rhénane. Il en fut ainsi.

La bourgeoisie prussienne, par crainte des tressaillements encore à demi-inconscients qui agitaient alors le prolétariat, avait livré au Gouvernement les portes l’une après l’autre. Depuis longtemps déjà elle se repentait de ses anciennes velléités d’exercer le pouvoir. Depuis Mars, la terreur lui avait fait perdre la tête ; elle se trouvait, en effet, ici, en présence des puissances de l’ancienne société groupées autour de l’absolutisme, là, en face du prolétariat, jeune encore, à son aurore, et qui naissait à la conscience de classe. La bourgeoisie prussienne fit ce qu’elle avait toujours fait au moment décisif — elle s’humilia. Les ouvriers n’étaient pas assez sots pour livrer bataille pour la bourgeoisie sans la bourgeoisie. Pour eux — surtout sur les bords du Rhin — les questions prussiennes restaient des questions purement locales. S’ils se décidaient à aller au feu dans l’intérêt de la bourgeoisie, ils devaient marcher à l’ennemi dans toute l’Allemagne et pour toute l’Allemagne.