Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et les rapports quotidiens établis depuis longtemps entre eux, la classe prolétarienne, dépourvue de cette position sociale et des ces moyens pécuniaires, devait nécessairement les chercher dans une association secrète. De là la fondation, en France comme en Allemagne, de ces nombreuses sociétés secrètes qui, depuis 1849, ont été découvertes les unes après les autres par la police et poursuivies comme conspirations. Mais si beaucoup d’entre elles étaient réellement des conspirations, formées véritablement dans le but de renverser le Gouvernement existant — et dans certaines circonstances, celui-là est un lâche qui ne conspire pas, tandis que, dans d’autres, est fou qui le fait — d’autres sociétés étaient créées dans un but plus large et plus élevé ; ces dernières savaient que le renversement d’un Gouvernement existant n’est qu’un épisode dans la grande lutte imminente. Elles avaient l’intention de rassembler le parti dont on formait ainsi le noyau et de le préparer au dernier combat décisif qui, un jour ou l’autre, doit anéantir pour toujours, en Europe, la domination non seulement de simples « tyrans » « despotes » ou « usurpateurs », mais un pouvoir de beaucoup supérieur, de beaucoup plus redoutable que le leur, celui du capital sur le travail.

L’organisation du parti communiste avancé d’Allemagne était de cette espèce. Conformément aux principes du « manifeste » (publié en 1848) et à ceux imprimés dans une série d’articles sur