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de quel secours peuvent être toutes ces mesquines querelles et ces récriminations personnelles, toutes ces assertions contradictoires, toutes ces recherches pour savoir si c’est Marrast, Ledru-Rollin ou Louis Blanc, ou tout autre membre du Gouvernement provisoire, ou bien tous ensemble, qui ont dirigé la Révolution sur les écueils où elle a sombré ?

Aucun homme sensé ne croira que onze personnes, dont la plupart n’avaient que des capacités très médiocres à mettre au service du bien ou au service du mal, aient été capables de perdre, en trois mois, une nation comptant trente-six millions d’habitants, à moins que ces trente-six millions n’aient vu tout aussi peu clairement que les onze personnes la route qu’il fallait suivre. Mais comment s’est-il fait que cette population de trente-six millions a été tout d’un coup appelée à décider de la voie à suivre, elle qui marchait à peu près à tâtons dans une demi-obscurité ; comment ont-ils perdu la route, comment les anciens maîtres ont-ils pu, pour un moment, venir se remettre à leur tête ? Voilà la question qu’il faut résoudre.

En essayant donc d’exposer sous les yeux des lecteurs de The Tribune les causes qui ont nécessité la révolution allemande de 1848 et rendu tout aussi inévitable sa répression momentanée en 1849 et 1850, nous ne prétendons pas donner l’histoire complète des faits qui se sont pro-