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mourir en fumée. Aussi se mit-elle sérieusement à l’ouvrage, dans le but de donner au monde, aussi rapidement que possible, sa grande œuvre, la « Constitution Impériale ». Il y avait cependant à cela une difficulté. Quel était le Gouvernement exécutif qui allait être créé ? Un conseil exécutif ? Non, car ce serait, comme on le pensait avec sagesse, faire de l’Allemagne une République. Un « président » ? Cela revenait à la même chose. Aussi était-on obligé de faire revivre l’ancienne dignité impériale. Mais, comme c’était naturellement un prince qui devait être empereur, lequel serait-ce ? Ce ne serait certainement aucun des Dii minorum gentium, de Reuss-Schleitz-Greitz-Lobenstein-Ebersdorf à la Ravière ; ni l’Autriche, ni la Prusse ne l’aurait toléré. Cela ne pourrait être que l’Autriche ou la Prusse. Mais laquelle des deux ? Il est hors de doute que, dans des circonstances plus favorables, l’auguste Assemblée aurait siégé jusqu’à présent pour discuter ce dilemme important sans être capable d’arriver à une conclusion quelconque, si le Gouvernement autrichien n’avait tranché le nœud gordien et ne l’avait ainsi débarrassé de tout souci.

L’Autriche savait très bien que, du moment qu’elle pouvait reparaître devant l’Europe avec toutes ses provinces soumises, comme une forte et grande puissance européenne, la loi même de la gravitation politique allait entraîner le reste de l’Allemagne dans son orbite, sans le secours