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des pays plus considérables, et en particulier le ministère prussien, voyaient de mieux en mieux l’incompatibilité existant entre un corps élu aussi irrégulier et le système monarchique rétabli en Allemagne, et, s’ils n’ont pas aussitôt prononcé sa dissolution c’était uniquement parce que le moment n’était pas encore venu et que la Prusse espérait s’en servir d’abord pour ses propres projets ambitieux.

Pendant ce temps, cette malheureuse Assemblée tombait dans une confusion toujours plus grande. Ses délégations et ses commissaires étaient traités, à Vienne comme à Berlin, avec un extrême mépris ; un de ses membres fut, en dépit de l’inviolabilité parlementaire, exécuté comme un rebelle ordinaire. Ses décrets n’étaient observés nulle part, et si les organes principaux du pouvoir y faisaient attention, ce n’était que pour émettre des notes de protestation contestant le droit de l’Assemblée à voter des lois et à prendre des résolutions obligatoires pour eux. Les représentants de l’Assemblée, le pouvoir exécutif central, se trouvait engagé dans des querelles diplomatiques avec presque tous les cabinets de l’Allemagne, et, malgré tous leurs efforts, ni l’Assemblée, ni le Gouvernement central ne pouvaient amener l’Autriche et la Prusse à exprimer d’une façon définitive leurs vues, leurs projets et leurs griefs. Enfin, l’Assemblée commença à y voir clair, — assez clair, du moins, pour comprendre