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truction mutuelle, elle était convaincue de son importance ; persuadée qu’elle faisait même plus que le peuple allemand n’aurait été en droit d’attendre, elle considérait comme traître au pays quiconque avait l’imprudence de demander d’aboutir à quelque résultat.

Lorsqu’éclata l’insurrection viennoise, il y eut à son sujet toute une série d’interpellations, de débats, de motions et d’amendements qui, naturellement, n’aboutirent à rien. Le Pouvoir central dut intervenir. Il expédia à Vienne deux commissaires : l’ex-libéral Welcker et Mosle. Les voyages de Don Quichotte et de Sancho Pansa sont une Odyssée en comparaison des exploits héroïques et des aventures merveilleuses de ces deux chevaliers errants de l’unité allemande. N’osant pas aller à Vienne, ils se virent rudoyés par Windischgrätz ; ils frappèrent d’étonnement l’idiot qu’était l’empereur et furent impudemment mystifiés par le ministre Stadion. Leurs dépêches et leurs rapports sont peut-être la seule portion des actes de l’Assemblée de Francfort qui conservera une place dans la littérature allemande ; c’est un vrai roman satirique, mordant et sévère, et un éternel monument de honte pour l’Assemblée et son Gouvernement.

La gauche de l’Assemblée envoya également deux commissaires à Vienne, dans le but d’y soutenir son autorité : c’étaient Frœbel et Robert Blum. À l’approche du danger, Blum jugea, avec raison, que c’était là que devait se donner la grande