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fester leur suprême nullité. Comme nous l’avons vu, cette méprisable Assemblée avait depuis longtemps fait le sacrifice de sa virginité, et, toute jeune qu’elle était, elle ne tarda pas, blanchie a peine, à devenir expérimentée dans tous les artifices du bavardage et de la prostitution pseudo-diplomatiques. Des rêves et des illusions de puissance, de régénération et d’unité allemande qui l’animaient au commencement, il ne restait rien qu’une phraséologie teutone que l’on répétait à satiété à chaque occasion, et la croyance de chacun des représentants dans sa propre importance et dans la crédulité du public. La naïveté primitive s’était évanouie ; les représentants du peuple allemand devinrent des hommes pratiques, arrivèrent à comprendre que, moins ils feraient, et plus ils bavarderaient, plus leur situation d’arbitres des destinées de l’Allemagne s’en affermirait. Ils ne considéraient cependant pas leurs débats comme superflus, bien au contraire. Mais ils avaient découvert que toutes les questions vraiment importantes étaient pour eux un terrain défendu et, pareils aux docteurs byzantins du Bas-Empire, ils s’étaient misa discuter, avec une gravité et une assiduité dignes de leur fin, les dogmes théoriques depuis longtemps adoptés dans tous les pays du monde civilisé, ou de microscopiques questions pratiques qui n’ont jamais conduit à aucun résultat. Cette Assemblée étant ainsi une sorte d’École de Lancastre où les députés pratiquaient l’ins-