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— l’armée autrichienne réorganisée, enivrée des victoires de Radetzky en Italie, comprenant soixante à soixante-dix mille hommes, bien armés, bien organisés et, sinon bien commandés, au moins possédant des chefs. À l’intérieur, la confusion, la division des classes, la désorganisation ; une garde nationale, dont une partie était résolue à ne pas combattre du tout, dont une autre était indécise, et dont la plus petite fraction seule était prête à agir ; une masse prolétarienne, puissante par son nombre, mais sans chefs, sans aucune éducation politique, sujette à la panique aussi bien qu’à des accès de fureur presque sans cause, proie facile de chaque faux bruit répandu, entièrement prête à se battre, mais manquant d’armes, au moins au commencement, incomplètement armée et peu organisée dans la suite, lorsqu’enfin on la conduisit à la bataille ; une Diète impuissante, discutant sur des arguties théoriques pendant que le toit brûlait au-dessus de sa tête ; un Comité directeur sans feu, sans énergie. Tout était changé depuis les journées de mars et de mai ; alors, dans le camp contre-révolutionnaire la confusion était complète ; alors la seule force organisée était celle qu’avait créée la Révolution. Il ne pouvait guère y avoir de doutes sur l’issue d’un tel combat et, s’il y en avait eu, ils auraient été dissipés à la suite des événements du 30 et du 31 octobre et du 1 novembre.


Londres, mars 1852.