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reste des députes de la Diète allemande, les quelques Slaves qui jouaient le rôle d’espions pour le compte de leurs amis d’Olmutz, et quelques députes polonais plus révolutionnaires, siégeaient en permanence ; mais, au lieu de prendre parti résolument, ils perdaient leur temps dans des discussions oiseuses sur la possibilité de résistera l’armée impériale sans briser les liens des conventions constitutionnelles. Le Comité de Salut public, composé des délégués de presque toutes les organisations populaires de Vienne, était décidé à résister ; mais il était dominé par une majorité de bourgeois et de petits industriels, qui ne lui permettaient jamais de suivre une ligne de conduite déterminée et énergique. Le Conseil de la Légion académique prenait des résolutions héroïques, mais n’était aucunement capable d’en assumer l’exécution. Les classes ouvrières, désabusées, désarmées, désorganisées, sortant à peine de la servitude intellectuelle de l’ancien régime, s’éveillant à peine, non pas à la connaissance, mais à un simple instinct de leur position sociale et de leur propre ligne de conduite politique, ne pouvaient se faire écouter qu’au moyen de manifestations bruyantes, et il était impossible de s’attendre à les voir s’élever à la hauteur des difficultés du moment. Mais les ouvriers étaient prêts, — comme ils le furent toujours en Allemagne pendant la Révolution, — à combattre jusqu’à la fin dès qu’ils auraient obtenu des armes.

Tel était l’état des choses, à Vienne. Au dehors,