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les « anarchistes », les bourgeois tombèrent comme des tigres sur les ouvriers désarmés, qui n’opposèrent aucune résistance et, le 23 août, en massacrèrent un grand nombre. L’unité et la puissance de la force révolutionnaire étaient ainsi brisées ; à Vienne aussi, la lutte de classes entre les bourgeois et les prolétaires avait amené un conflit sanglant, et la camarilla contre-révolutionnaire vit que le jour approchait où elle pourrait frapper le grand coup.

Les affaires hongroises servirent bientôt de prétexte pour proclamer ouvertement les principes qu’elle prétendait prendre pour guide dans son action. Le 5 octobre, un décret impérial paraissait dans la Wiener Zeitung. Il n’était signé d’aucun des ministres responsables de la Hongrie. Il dissolvait la Diète hongroise et nommait le Ban de Croatie, Jellachich, gouverneur civil et militaire du pays, — Jellachich, le chef de la réaction chez les Slaves du sud, un homme qui était en lutte avec toutes les autorités légales de la Hongrie. En même temps ordre fut donné aux troupes de Vienne de quitter la ville et de se joindre à l’armée qui devait appuyer l’autorité de Jellachich. C’était, cependant, montrer trop l’oreille ; tout le monde sentit à Vienne que la guerre contre la Hongrie était dirigée contre le principe du Gouvernement constitutionnel, principe déjà foulé aux pieds par le décret lui-même ; l’empereur tentait d’émettre des décrets ayant force de loi sans les faire contre-