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enviait le grand succès que les soldats français venaient de remporter ; il suffisait d’entretenir ; constamment de petits conflits entre elle et le peuple pour que, une fois le moment décisif arrivé, elle pût d’un seul coup écraser les révolutionnaires et écarter les prétentions des parlementaires de la classe moyenne. Et le moment favorable pour porter ce coup décisif arriva assez rapidement.

Nous laissons de côté les séances parlementaires, quelquefois curieuses, mais le plus souvent fastidieuses, et les luttes locales qui ont occupé les différents partis allemands pendant l’été. Il suffira de dire que les défenseurs des intérêts de la classe moyenne, malgré de nombreux triomphes parlementaires dont aucun n’amenait de résultat pratique, sentaient généralement que leur position entre les partis extrêmes devenait chaque jour plus intenables ; ils étaient, par conséquent, obligés aujourd’hui de rechercher l’alliance des réactionnaires, et demain — de solliciter la faveur des partis plus populaires. Ces oscillations constantes portèrent dans l’opinion ! publique un coup fatal à leur caractère, et, grâce à la tournure prise par les événements, le mépris dans lequel ils furent ensevelis profita principalement aux bureaucrates et aux féodaux.

Au commencement de l’automne, la situation réciproque des différents partis était si tendue, si critique, que la bataille décisive s’annonçait comme inévitable. Le premier engagement dans cette