Page:Marx - Différence de la philosophie de la nature chez Démocrite et Épicure.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

entrer en contradiction dialectique. La lecture de Marx consistera à révéler l’idéel dans le représenté (l’atome), c’est-à-dire à nier l’être immédiat de ce dernier pour développer la contradiction incluse dans la réalisation immédiate du principe. La contradiction entre l’idéel et le représenté se retrouve dans toutes les déterminations, même de détail, de cette philosophie. Le projet de la Dissertation est donc justifié : lire dans le détail les philosophies de la nature de Démocrite et d’Épicure pour en révéler la différence essentielle. Cette lecture conceptuelle doit réintroduire le contraste que l’identification abusive de la tradition avait gommé.

Le chapitre III s’efforce de faire sentir cette opposition qui va contre la plupart des interprétations. Il insiste sur la distinction « de l’énergie pratique » des deux hommes, thème dont nous avons vu l’importance. « Ce sont deux tendances opposées qui prennent corps. Nous voyons comme différence d’énergie pratique ce qui se manifeste plus haut comme divergence de la conscience théorique ». Dans ce chapitre convaincant, nous voyons les deux hommes « s’opposer pas à pas ». Le sceptique Démocrite tient le monde sensible pour une apparence subjective, doute de la vérité, mais se jette dans l’étude empirique de la nature ; le dogmatique Épicure considère le monde comme un phénomène objectif, tout en méprisant les sciences. La catégorie principale de Démocrite est la nécessité, celle d’Épicure le hasard et la possibilité formelle abstraite.

Toutes ces différences se retrouvent sur le plan de la doctrine (objet de la deuxième partie). Elles se résument en une distinction essentielle, point central de l’interprétation de Marx : si Démocrite admet deux mouvements des atomes, la chute en ligne droite et la répulsion, Épicure en ajoute un troisième : la déclinaison de la ligne droite. Or, la déclinaison n’est pas un ajout extérieur dicté par la nécessité d’expliquer la rencontre des atomes et la création du monde, elle est une détermination essentielle, exigée par le concept de l’atome. Du même coup est affirmée la diffé-