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vaux préparatoires montrent l’influence profonde qu’exerçaient alors sur Marx ces vues. La thèse de l’opposition du sage épicurien au monde allait dans le sens de l’aspect irrationnel du monde allemand de 1839 et préservait, en face de ce monde, la philosophie de la conscience de soi. L’ami de Marx, Frédéric Köppen, devait célébrer en 1840 cette idée dans sa brochure : Frédéric le Grand et ses adversaires. Il y faisait l’éloge du roi, « en montrant que sa grandeur venait de ce qu’il s’était inspiré à la fois de l’épicurisme, du stoïcisme et du scepticisme ». « Ces philosophies affirmaient la valeur éminente de la conscience humaine et son indépendance vis-à-vis d’un monde irrationnel, et exprimaient les principes essentiels du rationalisme[1].

L’influence qu’exercent sur Marx ces différentes conceptions le pousse à étudier le cycle des doctrines épicurienne, stoïcienne et sceptique, pour en dégager une philosophie de l’action intégrant l’esprit au monde pour transformer ce monde. Ce choix a donc un sens politique, mais il se double de la conviction que ces doctrines constituent la clef de la philosophie grecque dans son aspect subjectif.


I. — LES TRAVAUX PREPARATOIRES


Ces notes de lecture, écrites pour la majeure partie au cours de l’année 1839, concentrent les thèmes du champ idéologique : affirmation de la conscience de soi humaine comme affirmation révolutionnaire (Bauer), accentuation du support du développement et de l’individualité, de l’existence par quoi advient l’idée, philosophie de l’action visant à transformer le monde par la volonté critique (Cieszkowski, Bauer). Ces thèmes philosophiques se doublent

  1. . Cornu, op. cit., I, 173.