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resplendir à la lumière de l’être-là. C’est là un élément où elle perd son caractère et devient matérielle. C’est pour cela que l’atome ne vient pas au jour du phénomène[1] ou bien, là où il apparaît, est ravalé à l’état de base matérielle. L’atome comme tel n’existe que dans le vide. C’est ainsi la mort de la nature qui en est devenue la substance immortelle ; et Lucrèce a raison de s’écrier :

« mortalem vitam mors immortalis ademit[2] »
[III 869]

Mais le fait qu’Épicure saisisse et objective la contradiction à son plus haut sommet, en distinguant l’atome qui, comme στοιχεῖον, devient la base du phénomène, de l’atome qui, comme existe dans le vide, voilà ce qui, au plan de la philosophie, le distingue de Démocrite, qui n’objective qu’un des moments. C’est là la même différence qui sépare Épicure de Démocrite dans le monde de l’essence, le domaine des atomes et du vide. Mais comme l’atome qualifié est le seul qui soit achevé, comme ce n’est que de l’atome achevé et aliéné à son concept que le monde phénoménal peut sortir, Épicure exprime ce fait en disant que seul l’atome qualifié devient στοιχεῖον, ou que seul l’ἄτομον στοιχεῖον est doué de qualités.

  1. Lucrèce II 796.
  2. . L’immortelle mort nous a pris la vie mortelle.