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φύσις ἐστίν ἢ ὅτι ἄτομα στοιχεῖα καὶ πάντα τὰ τοιαῦτα[1] (Diog. X 86). Épicure enseigne ici à Pytoclès, à qui il écrit, que la doctrine des Météores se distingue de toutes les autres doctrines physiques, par exemple que le tout est fait de corps et de vide, qu’il y a des principes fondamentaux indivisibles[2]. On voit qu’il n’y a ici absolument aucune raison d’admettre qu’il soit question d’une seconde espèce d’atomes. Peut-être semble-t-il que la disjonction entre τὸ πᾶν σῶμα καὶ ἀναφὴς φύσις ὅτι τὰ ἄτομα στοιχεῖα[3] pose une différence entre σῶμα et ἄτομα στοιχεῖα, le terme σῶμα désignant peut-être les atomes du premier genre par opposition aux ἄτομα στοιχεῖα. Mais il n’y faut pas penser. Σῶμα signifie le corporel par opposition au vide, lequel est pour cela nommé également l’ἀσώματον (incorporel)[4]. Dans σῶμα, ce sont donc aussi bien les atomes que les corps composés qui sont compris. C’est ainsi, par exemple, qu’il est dit dans la lettre à Hérodote : τὸ πᾶν ἐστι σῶμα… εἰ μὴ ἢν ὅ κενον καὶ χώραν καὶ ἀναφῆ φύσιν ὀνομάζομεν… τῶν σωμάτων τὰ μέν ἐστι συγκρίσεις. τὰ δʹἐξ ὦν αἱ συγκρίσεις πεποίηνται. Ταῦτα δέ ἐστιν ἄτομα καὶ ἀμετάβλητα ὥστε τάς ἀρχὰς ἀτόμος ἀναγκαῖον εἶναι σωμάτων φύσεις[5]. Dans le passage ci-dessus cité, Épicure parle donc d’abord du corporel en général par opposition au vide, puis du corporel en particulier, les atomes[6].

La référence de Schaubach à Aristote prouve tout aussi peu. La distinction entre ἀρχή et στοιχεῖον, dont font usage

  1. Par exemple que le Tout est corps et nature impalpable (c’est-à-dire espace vide), que les atomes sont les éléments, et toutes les autres affirmations de même ordre.
  2. Diog. X 44 [se rapporte à un passage raturé par Marx et que nous avons laissé de côté ; l’édition MEGA en fait mention dans une note en bas de page.]
  3. Le Tout est corps et nature impalpable… (et) que les atomes sont les éléments…
  4. Ibid. 67.
  5. Le Tout est corps… mais s’il n’existait pas ce que nous appelons le vide, la place et la nature impalpable… Parmi les corps, les uns sont des compositions, les autres ceux dont sont faites les compositions. Ces derniers sont indivisibles et insécables, si bien qu’il est nécessaire que les principes indivisibles constituent la nature des corps.
  6. Ibid. 39, 40 et 41.