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III. — LA CRITIQUE DE LA RELIGION


La chance des Jeunes hégéliens est de trouver un organe dans les Annales de Halle pour la science et l’art allemands, fondées en 1838 par Arnold Ruge et Theodor Echtermayer pour combattre l’organe conservateur des Vieux hégéliens, les Annales berlinoises de critique scientifique. Les Annales de Halle, qui au début n’avaient pas de caractère politique, furent entraînées dans l’opposition à l’occasion de la polémique autour du livre de David Strauss[1].

Ce nom n’est pas indifférent, car David Strauss était un des premiers critiques de la religion, critique qui représentait « la forme première de toute critique », comme l’écrira Marx en 1843 dans l’Introduction à la Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, dans ce même texte où il la juge « terminée pour l’Allemagne »[2]. La critique religieuse fut effectivement la forme primordiale de l’action politique des Jeunes hégéliens. Elle imprègne en fait l’histoire idéologique de l’Allemagne depuis 1822. L’assimilation hégélienne du contenu de la religion à celui de la philosophie était combattue depuis cette date, sans que les protagonistes en voient toujours les implications essentielles.

Pour Hegel, la religion en général se rapporte au même objet que le concept. La religion chrétienne, ou religion symbolique, exprime en images et en représentations ce que la philosophie pense par concepts, mais l’image est image de ce dont le concept est le concept[3]. Le christianisme,

  1. . Ibidem, p. 139. L’Idéologie allemande donne Strauss pour origine de la « décomposition de l’esprit absolu », p. 41.
  2. . Editions Costes, Œuvres complètes de Marx, tome I, p. 83.
  3. . Osier (J.-P.) : Présentation de l’Essence du christianisme, de Feuerbach, coll. Théorie, p. 49.