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irrationnel dans son aspect empirique. Elle visait à un « devenir-philosophique du monde » qui serait en même temps un « devenir-mondain » de la philosophie[1].

Tel est le fondement idéologique de cette extraordinaire activité critique manifestée par les Jeunes hégéliens. Dans l’Idéologie allemande, Marx sera particulièrement sévère pour cette période de l’histoire allemande, qu’il étend à 1845. «… Pour apprécier à sa juste valeur cette charlatanerie philosophique qui éveille même dans le cœur de l’honnête bourgeois allemand un agréable sentiment national, pour donner une idée concrète de la mesquinerie, de l’esprit de clocher parfaitement borné de tout ce mouvement jeune-hégélien, et spécialement du contraste tragi-comique entre les exploits réels de ces héros et leurs illusions au sujet de ces mêmes exploits, il est nécessaire d’examiner une bonne fois tout ce vacarme d’un point de vue qui se situe en dehors de l’Allemagne[2]. » Dans toute cette période, Feuerbach est « le seul à avoir au moins constitué un progrès ». Effectivement, l’histoire réelle disparaît presque sous l’épaisseur et la lourdeur de la couche idéologique qui transforme pour la conscience l’idéel en réel et le réel en idéel. La disparition de l’histoire réelle à l’Allemagne tient à son retard économique doublé de cette déformation idéologique[3].

Il est essentiel à cette critique de s’exprimer effectivement. Faite pour convaincre, représentant le but de l’activité pratique et de la volonté de l’homme, la critique doit être effective. La théorie coupée de la pratique matérielle doit être pratique en tant que pure théorie (!), et Bruno Bauer peut écrire à Marx, le 31 mars 1841 : « C’est la théorie qui constitue actuellement la plus forte activité pratique[4]. »

  1. . Marx, Remarques à la Dissertation.
  2. . Idéologie allemande, Editions Sociales, p. 42.
  3. . Cf. Althusser (L.) : Pour Marx, pp. 71-72.
  4. . Cité dans Cornu (A.), op. cit., I, p. 162.