c’est-à-dire qu’ils croient, avec les épicuriens, que le divin en l’homme est le non-savoir, que ce caractère divin, qui est paresse, est dérangé par le concept. Les kantiens, par contre, sont les prêtres officiels du non-savoir, leur tâche quotidienne consiste à égrener un chapelet pour leur propre impuissance et la puissance des choses. Les épicuriens sont plus conséquents : si le non-savoir est le fait de l’esprit, le savoir n’est pas un surcroît de nature spirituelle, mais quelque chose d’indifférent à l’esprit ; et le divin est pour celui qui ne sait pas, il n’est pas le mouvement du savoir, mais la paresse.) ἢ ὥς τινες εἰκάζουσι τούτο προκάλυμμα τῆς ἑαυτῶν ἀπαιδευσίας εἶναι νομίζοντες, ἐν πολλοὶς γὰρ ἀμαθὴς Ἐπίκουρος ἐλέγχεται, οὐδὲ ἐν ταῖς κοιναῖς ὁμιλίαις καθαρεύων[1] [Sext. Emp., adv. math. I 1]
Sextus Empiricus, après avoir fourni encore quelques anecdotes qui prouvent clairement son embarras, établit de la façon suivante ce qui oppose la position des sceptiques à l’égard de la science à celle d’Épicure : οἱ δὲ ἀπὸ Πύρρωνος οὔτε διὰ τὸ μηδὲν συνεργεῖν αὐτὰ πρὸς σοφίαν, δογματικὸς γὰρ ὁ λόγος, οὔτε διὰ τὴν προσοῦσαν αὐτοὶς ἀπαιδευσίαν…
[ἀλλὰ] τοιοῦτόν τι ἐπὶ τῶν μαθημάτων παθόντες, ὁποῖον ἐφ’ ὁλης ἔπαθον τῆς φιλοσοφίας[2]. [Sextus Emp., adv. math. I 5-6] (On voit ici comment il faut distinguer les μαθήματα et la φιλοσοφία [la science et la philosophie], et que le dédain d’Épicure pour les μαθήματα s’étend à ce que nous nommons connaissances ; on voit aussi la précision avec laquelle cette assertio consentit [cette déclaration s’accorde] avec suo systemati omni [l’ensemble de son système].)
- ↑ Certains conjecturent aussi qu’ils pensaient que cette théorie voilerait leur propre manque de culture ; sur de nombreux sujets en effet, Épicure est convaincu d’ignorance, et, même dans les conversations de tous les jours, il faisait des fautes de langage.
- ↑ Mais si les sceptiques condamnent les sciences, ce n’est pas parce qu’elles ne contribuent en rien à la sagesse, car cette proposition serait dogmatique ; ce n’est pas non plus parce qu’ils n’ont pas de culture…, (mais) c’est parce qu’ils éprouvent les mêmes sentiments à l’égard des sciences qu’à l’égard de la philosophie tout entière.