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nécessaire pour produire 20 boisseaux de blé, alors 2 onces d’argent ne vaudront pas plus que le même travail employé à la production d’un boisseau de blé, et le boisseau qui autrefois valait 1 once en vaudra 2 maintenant, cæteris paribus. Ainsi la richesse d’un pays doit être estimée par la quantité de travail que ses habitants peuvent acheter »[1]. À la manière des économistes, Franklin considère le travail unilatéralement, comme mesure des valeurs. La transformation des produits réels en valeurs d’échange s’entend de soi et il s’agit donc seulement de trouver une mesure pour la grandeur de la valeur. « Le commerce, dit-il, n’étant en général pas autre chose que l’échange du travail contre du travail, la valeur des choses est évaluée le plus justement par le travail »[2]. Si l’on remplace ici le mot travail par le mot travail réel, on découvre aussitôt qu’il y a confusion de travail sous une forme avec le travail sous une autre forme. Parce que le commerce, par exemple, consiste en l’échange de travail de cordonnier, de travail de mineur, de travail de tisseur, de travail de peintre, etc., est-ce que la valeur des bottes est le plus justement évaluée en travail de peintre ? Franklin pensait, au contraire, que la

  1. L. c., p. 265. « Thus the riches of a country are to be valued by the quantity of labour its inhabitants are able to purchase ».
  2. « Trade in general being nothing else but the exchange of labour for labour, the value of all things is, as I said before, most justly measured by labour » l. c., p. 267.