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ment. Or, comme marchandise, elle est immédiatement unité de valeur d’usage et de valeur d’échange ; en même temps elle n’est marchandise que par rapport aux autres marchandises. Le rapport réel des marchandises les unes aux autres est leur procès d’échange. Ce dernier est un procès social où interviennent des individus indépendants les uns des autres, mais ils interviennent seulement en leur qualité de possesseurs de marchandises ; ils n’existent les uns pour les autres que parce que leurs marchandises existent et ainsi ils n’apparaissent effectivement que comme les agents conscients du procès d’échange.

La marchandise est valeur d’usage, froment, toile, diamant, machine, etc. ; en même temps, comme marchandise, elle n’est point valeur d’usage. Si elle était valeur d’usage pour son possesseur, c’est-à-dire, immédiatement moyen de satisfaction de ses propres besoins, elle ne serait pas marchandise. Pour son possesseur elle est plutôt non-valeur d’usage, c’est-à-dire simple support matériel de la valeur d’échange, ou simple moyen d’échange ; étant le support actif le la valeur d’échange, la valeur d’usage devient moyen d’échange[1]. Pour son possesseur elle n’est plus valeur d’usage que parce qu’elle est valeur d’échange. Comme valeur d’usage il lui faut donc d’abord devenir, en premier lieu, pour au-

  1. C’est sous cette forme déterminée qu’Aristote (cf. le passage cité au début du chapitre) conçoit la valeur d’échange.