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ratonnerre et Hermès auprès du Crédit mobilier ? Toute mythologie dompte et domine et façonne les forces de la nature dans l’imagination et par l’imagination et disparaît donc lorsqu’on parvient à les dominer réellement. Que devient Fama au regard de Printing house square[1] ? L’art grec suppose la mythologie grecque, c’est-à-dire la nature et la société elle-même façonnées déjà d’une manière inconsciemment artistique, par la fantaisie populaire. Ce sont là ses matériaux. Non pas une mythologie quelconque, non pas une transformation inconsciemment artistique quelconque de la nature (cette dernière comprenant ici tout ce qui est objet, donc aussi la société). La mythologie égyptienne n’eût jamais pu fournir le sol ou sein maternel pour enfanter l’art grec. Mais en tout cas, il fallait une mythologie. En aucun cas, l’art grec ne pouvait éclore dans une société qui exclut tout rapport mythologique avec la nature, qui demande à l’artiste une imagination ne s’appuyant pas sur la mythologie.

À un autre point de vue, Achille est-il possible, lorsqu’apparaissent la poudre et le plomb ? Ou toute l’Iliade, est-elle compatible avec la machine à imprimer ? Est-ce que les chants et légendes et la Muse ne disparaissent pas nécessairement devant la barre du typographe, est-ce que les conditions nécessaires de la poésie épique ne s’évanouissent pas ?

La chose difficile n’est pas de comprendre que l’art grec et l’épopée soient liés à certaines formes du dé-

  1. L’imprimerie du journal le Times.