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Mais en qualité de valeur d’échange la marchandise n’est jamais envisagée qu’au point de vue du résultat. Il ne s’agit pas du service qu’elle rend mais du service[1] qui lui a été rendu par cela qu’elle a été produite. Aussi la valeur d’échange d’une machine n’est pas déterminée par le quantum de temps de travail qu’elle supplée, mais par le quantum de temps de travail qui en elle est mis en œuvre et qui, par conséquent, est requis pour produire une nouvelle machine de la même espèce.

Si donc le quantum de travail exigé pour la production de marchandises restait constant, leur valeur d’échange serait invariable. Mais la facilité et la difficulté de la production varient sans cesse. Si sa force productive augmente, le travail produit la même valeur d’usage en moins de temps. Si la force productive du travail diminue, il faut plus de temps pour produire la même valeur d’usage. La grandeur du temps de travail contenue dans une marchandise, donc sa valeur d’échange, est par conséquent variable ; elle augmente ou diminue en rapport inverse à l’augmentation ou à la diminution de la force productive du travail. La force productive du travail, qu’une industrie manufacturière applique à un degré déterminé

  1. On conçoit quel « service » la catégorie « service » a dû rendre des économistes de l’espèce de J.-B. Say et F. Bastiat dont l’intelligence raisonneuse, comme l’a justement remarqué Malthus, fait abstraction partout de la forme déterminée spécifique des rapports économiques.