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exige un nombre plus considérable. Une quantité d’argent plus grande pareille aux chiffres romains est plutôt un embarras et donne plus de peine tant pour la conservation que pour le transport[1]. » Pour prouver quoi que ce soit, Hume aurait dû montrer que dans un système donné de numération la masse des chiffres employés ne dépend pas de la grandeur de la valeur des chiffres, mais qu’au contraire la grandeur de leur valeur dépend de la masse des caractères employés. Il est très vrai que ce n’est pas un avantage d’estimer ou de « compter » les valeurs des marchandises en or ou en argent déprécié, et c’est pour cela que les peuples ont toujours trouvé plus commode de compter en argent qu’en cuivre et en or qu’en argent, lorsque s’accroissait la somme des valeurs des marchandises circulantes. À mesure qu’ils devenaient plus riches, ils convertissaient les métaux moins précieux en numéraire subsidiaire et les plus précieux en monnaie. D’autre part, Hume oublie que pour compter les valeurs en or et en argent, il n’est pas nécessaire que l’or et l’argent soient présents. Pour lui, la monnaie de compte et le moyen de circulation se confondent, et tous deux sont du numéraire (coin). Parce qu’une variation de valeur dans la mesure des valeurs ou des métaux précieux qui servent de monnaie de compte fait hausser ou baisser les prix des marchandises et, par suite, la

  1. David Hume, l. c., p. 303.