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des moutons je me fais berger, l’agglomération d’esclaves et de terres nécessite des rapports de domination et d’assujettissement : l’approvisionnement de la richesse particulière exige des procès particuliers, distincts du simple acte de l’accumulation lui-même, et développe des côtés particuliers de l’individualité. Ou bien la richesse sous la forme de marchandises est accumulée à titre de valeur d’échange, et alors l’accumulation est une opération commerciale ou spécifiquement économique. Celui qui l’accomplit devient grainetier, marchand de bestiaux, etc. L’or et l’argent sont de la monnaie non grâce à une activité quelconque de l’individu qui les amasse, mais parce qu’ils sont des cristaux du procès de la circulation qui s’accomplit sans la coopération de l’individu. Tout son travail consiste à les mettre de côté, à entasser poids sur poids, une activité sans contenu qui, appliquée aux autres marchandises, les déprécierait[1].

  1. Horace n’entend donc rien à la philosophie de la thésaurisation quand il dit (Sat. I, II, Sat. III) :
    « Siquis emat citharas, emptas comportet in unum
    Nec studio citharar, nec Musæ deditus ulli ;
    Si scalpra et formas, non sutor ; nautica vela,
    Aversus mercaturis ; delirus et amens
    Undique dicatur merito. Qui discrepat istis,
    Qui nummos aurumque recondit, nescuis uti
    Compositis, metuensque velut contingere sacrum ?

    (Qu’un homme sans disposition pour la musique, sans goût pour aucune des Muses, achète des cithares et s’en forme un magasin, ou s’entoure de tranchets et de formes