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bien l’objet que la source de la passion de s’enrichir[1]. Au fond, c’est la valeur d’échange comme telle et partant son accroissement qui devient le but final. L’avarice tient captif le trésor en empêchant la monnaie de devenir moyen de circulation, mais la soif de l’or maintient l’âme de monnaie du trésor en constante affinité avec la circulation.

Or, l’activité, grâce à laquelle le trésor se constitue, consiste d’une part à retirer l’argent de la circulation par la vente répétée sans cesse, d’autre part, à simplement emmaganiser, accumuler. Ce n’est, en effet, que dans la sphère de la circulation simple et sous la forme de la thésaurisation, que se produit l’accumulation de la richesse comme telle, tandis que les autres soi-disant formes de l’accumulation, nous le verrons plus tard, ne sont dénommées ainsi que par abus, parce qu’on a dans la mémoire l’accumulation simple de l’argent. Toutes les autres marchandises sont ou bien amassées en qualité de valeurs d’usage, et la manière de leur entassement est déterminée alors par la particularité de leur valeur d’usage : l’amoncellement des céréales, par exemple, exige des dispositions préparatoires spéciales : si j’agglomère

  1. « A nummo prima origo avaritiæ… hæc paulalim exarsit rabie quadam, non jam avaritia, sed fames auris » . Plin., Hist. nat., I, XXXIII, c. xiv (L’argent est la source première de l’avarice… celle-ci se tourne en une espèce de rage qui n’est plus de l’avarice mais la soif de l’or.)