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l’avarice qui ne convoite pas la marchandise parce que valeur d’usage mais la valeur d’usage parce que marchandise. Pour s’emparer du superflu sous sa forme générale, il faut considérer les besoins particuliers comme du luxe et du superflu. C’est ainsi qu’en 1593 les Cortès de Valladolid firent une représentation à Philippe II, où entre autres choses il est dit : « Les Cortès de Valladolid de l’an 1586 ont prié votre majesté de ne plus permettre l’importation dans le royaume de bougies, verroterie, bijouterie, coutellerie et autres objets semblables qu’on envoie à l’étranger dans le but de changer ces objets si inutiles à la vie de l’homme contre de l’or, comme si les Espagnols étaient des Indiens. » Le thésauriseur dédaigne les jouissances terrestres, temporelles et transitoires pour courir après le trésor éternel que ne rongent ni les mites ni la rouille, qui est tout céleste et tout terrestre. « La cause générale mais éloignée, dit Misselden dans l’écrit cité, est le grand excès que fait ce pays dans la consommation de marchandises des pays étrangers qui se trouvent être des « discommodities » au lieu de « commodities », puisqu’elles nous privent des trésors qui autrement seraient importés à la place de ces jouets (toys). Nous consommons en abondance les vins d’Espagne, de France, du pays du Rhin, du Levant, les raisins secs d’Espagne, les raisins de Corinthe, les linons et les batistes de l’Hainault, les soieries d’Italie, le sucre et le tabac des Indes Orientales, les