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par leur multiplicité indéterminée ces circuits se dérobent à tout contrôle, à tout calcul, à toute mesure. Le laps de temps entre le départ et le retour au point de départ n’est pas déterminé davantage. Aussi bien est-ce chose indifférente qu’un pareil cercle soit décrit ou non dans un cas donné. Que l’on puisse dépenser de l’argent d’une main sans qu’il doive vous en rentrer dans l’autre, c’est le fait économique le plus universellement connu. L’argent part de points variés à l’infini et revient à des points infiniment variés, mais la coïncidence du point de départ et du point d’arrivée est fortuite parce que le mouvement M-A-M n’implique pas nécessairement que l’acheteur redevient vendeur. Encore moins le cours de la monnaie représente-t-il un mouvement qui rayonne d’un centre vers tous les points de la périphérie et qui retourne de tous les points de la périphérie au centre. Le soi-disant mouvement circulaire de l’argent, dont l’image flotte devant les yeux, se réduit au fait que sur tous les points se constatent son apparition et sa disparition, son déplacement sans repos ni cesse. Dans une forme supérieure, médiate, de la circulation de l’argent, par exemple la circulation des billets, nous verrons que les conditions de l’émission de la monnaie renferment les conditions de son reflux. Dans la circulation simple, c’est, au contraire, par hasard que le même acheteur redevient vendeur. Lorsque de véritables mouvements circulaires s’y montrent à l’état