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tout ensemble les contradictions que renfermait le procès d’échange des marchandises. L’échange réel des marchandises, c’est-à-dire l’échange social dû la matière, s’opère en une métamorphose où se déploie le caractère double de la marchandise comme valeur d’usage et comme valeur d’échange, mais où sa propre métamorphose se cristallise en même temps dans des formes déterminées de la monnaie. Décrire cette métamorphose, c’est décrire la circulation. De même que la marchandise n’est de la valeur d’échange développée que si l’on pose un monde de marchandises, avec une division du travail effectivement développée, de même la circulation suppose des actes d’échange universels et le cours ininterrompu de leur renouvellement. Il est posé ensuite que les marchandises entrent dans le procès de l’échange comme des marchandises aux prix déterminés ou qu’elles y apparaissent les unes aux autres comme des existences doubles, réelles en tant que valeurs d’usage, idéales — dans le prix — en tant que valeurs d’échange.

Dans les rues les plus animées de Londres les magasins touchent aux magasins et derrière leurs vitrines se trouvent étalées toutes les richesses de l’univers : châles indiens, revolvers américains, porcelaines chinoises, corsets parisiens, fourrures russes, épices des tropiques ; mais toutes ces choses mondaines portent au front de fatales étiquettes blanchâtres où sont gravés des chiffres arabes,