La dernière tragédie de Legouvé est la Mort d’Henri IV ; peu de pièces ont excité plus de critiques : c’est un inconvénient auquel s’expose l’auteur qui traite de sujets trop rapprochés de notre époque.
Cette pièce obtint néanmoins un cours brillant de représentations.
Legouvé a composé plusieurs poèmes, tels que les Sépultures, les Souvenirs, la Mélancolie, le Mérite des Femmes. Ces poèmes sont très remarquables sous le rapport du style : le Mérite des Femmes surtout jouit à ce titre de la faveur publique, et cette faveur se soutiendra tant que le goût des bons vers et des sentimens honnêtes ne sera pas éteint en France.
Au talent de faire des vers Legouvé joignait celui de les déclamer ; il le tenait de mademoiselle Sain val, et l’a transmis à mademoiselle Duchesnois : sous ce rapport aussi il a bien mérité du Théâtre-Français.
Legouvé a été un des collaborateurs des Veillées des Muses et de la Nouvelle bibliothèque des Romans. Il a été aussi quelque temps directeur du Mercure.
Comblé de succès, favorisé par la fortune, chéri de ses amis, il semblait devoir fournir une carrière également longue et heureuse. Le malheur l’attendait à la fin de sa vie, qu’il abrégea. Les facultés morales de Legouvé étaient déjà affaiblies, quand une chute grave qu’il fit à la campagne acheva de déranger sa santé et sa raison. Il se survécut à lui-même plus de deux ans, et mourut dans un état à peu près semblable à celui dans lequel expira le Tasse.
Il a été déposé au cimetière de Montmartre dans une sépulture de famille, de forme antique, en granit noir et du goût le plus simple ; sur le côté latéral, à la droite du monument, on lit cette épitaphe :
- Quelquefois mes amis s’entretiendront de moi,
- Je reste dans leur cœur, je vivrai dans leurs larmes.
- Ce tableau, de la mort adoucit les alarmes,
- Et l’espoir des regrets que tout mortel attend
- Est un dernier bonheur à son dernier instant.
- (Extrait des Souvenirs de Legouvé.)