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LA LANGUE DE LA PLÉÏADE

La pièce en question, publiée dès 1547, est intitulée : Ode de Pierre de Ronsard à Iacques Pelletier. Des beautez qu’il voudroit en s’Amye.

En 1550, dans la seconde édition de L’Olive, Du Bellay adresse À Pierre de Ronsard une invective Contre les envieux poëtes, dans laquelle il célèbre ainsi son innovation (I, 164) :

Peletier me fist premier
Voir l’Ode, dont tu es prince,
Ouurage non coutumier
Aux mains de nostre prouince.

En 1555, Pelletier, dans son Art Poëtique (p. 64), intervient à son tour du ton d’un homme qui y a été invité. Voici sa curieuse déposition : « Ce nom d’Ode a été introduit de notre tans, par Pierre de Ronsard : auquel ne falhirè de témoignage, que lui etant ancor an grand’jeunece, m’an montra quelques unes de sa façon, an notre vile du Mans : e me dit delors, qu’il se proposoèt ce ganre d’écrire, a l’imitation d’Horace : comme depuis il à montré a tous les Françoes : e ancor plus par sus sa première intancion, a l’imitation du premier des Liriques, Pindare. Combien toutefoes, que de ce tans la, il ne les fit pas mesurees à la Lire : comme il à bien sû fere depuis… cete nouueauté se trouua rude au premier : e quasi n’i auoèt que le nom inuanté. Mes quant a la chose, si nous regardons les Seaumes de Clemant Marot : ce sont vrees Odes, sinon qu’il leur defalhoèt le nom, comme aus autres la chose. »

On voit que Pelletier insiste sur l’importance lyrique des psaumes de Marot, avec quelque dureté pour Ronsard, qui avait affecté d’en parler assez légèrement et, pour ainsi dire, par manière d’acquit.

Le programme des principaux changements à introduire dans la langue est résumé dans un chapitre du manifeste de Du Bellay intitulé : D’inuenter des Motz, et quelques autres choses, que doit obseruer le Poëte Françoys