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La Langue de la Pléïade

Les novateurs littéraires ont deux façons de procéder différentes :

Les uns, agissant avec une malice quelque peu sournoise, se gardent de nous laisser entrevoir le chemin où ils nous engagent et les hardiesses qu’ils veulent nous faire accepter. Les autres proclament bien haut des réformes qui ne sont encore qu’en projet ; leur premier écrit est le programme détaillé de leurs tentatives, plusieurs d’entre elles demeurent en chemin, mais la fastueuse annonce qui en a été faite reste célèbre, et suffit pour transformer aux yeux de beaucoup de lecteurs les projets en actes, et les aspirations en réalité.

Telle fut l’heureuse fortune d’une brochure de quarante-huit feuillets, publiée en 1549.

Ce livret, intitulé : La Deffence et illustration de la langue françoise, portait sur le titre ces quatre initiales d’apparence mystérieuse : I.D.B.A. faciles d’ailleurs à expliquer par : « Ioachim Du Bellay, Angevin, » à l’aide d’une pièce grecque de Jean Dorat, qui, placée en tête de l’ouvrage, en nommait l’auteur en toutes lettres et indiquait suffisamment à quel cénacle il se rattachait. Du Verdier a su nous peindre en quelques mots la vivacité de l’attaque et ses conséquences par cette comparaison, tout à fait dans le goût du temps : « On