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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

le résumé de l’état actuel de la science, les principes essentiels, les conséquences qu’on en peut tirer, et ils feront connaître, par des exemples bien caractéristiques, sinon tous les faits de détail, du moins leurs séries diverses et leurs catégories principales.

Nous aurons soin d’ailleurs de donner à la fin de chaque ouvrage à partir de l’Histoire de l’origine et de la formation de la langue française, une bibliographie étendue du sujet traité, afin que les esprits curieux, mis en goût plutôt que rassasiés par ces études encore nouvelles, puissent facilement vérifier nos assertions, contrôler notre travail, et pousser leurs recherches au delà des limites relativement restreintes que nous serons forcés de nous imposer.

Si on allègue qu’un enseignement de ce genre n’est pas absolument nécessaire dans toutes ses parties pour la simple intelligence de la langue actuelle, on ne saurait nier du moins qu’il aura l’avantage considérable de la rattacher plus étroitement à celle de nos grandes époques littéraires, et qu’il contribuera peut-être en quelque chose à discréditer les phrases banales, les métaphores inexactes et les expressions exagérées. Il sera surtout de nature à rendre plus intelligibles les étrangetés apparentes de langage et de style des grands écrivains du xvie siècle et du xviie siècle, il en expliquera les motifs ; et l’on ne sera plus exposé à croire, sur la foi des grammairiens, que nos plus illustres auteurs classiques ne savaient pas le français.

S’il en est ainsi, qui trouvera là de la superfétation et du luxe ? Qui sera tenté de soutenir que savoir bien parler sa langue, être capable de l’écrire suivant la portée de son intelligence, enfin entrer en communication directe et absolue avec les plus beaux génies de son pays, ne devrait pas être le but principal d’une éducation vraiment nationale ?