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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

exacte. Comme toute autre, elle peut, sur un point particulier, se trouver entachée d’erreur ; mais du moins elle ne donne plus rien à l’imagination, à la conjecture, et ne repose que sur des principes certains.

Ce sont ces principes que nous tâcherons d’exposer dans un traité de courte étendue.

Nous ferons voir que les simples rapports de sons ne peuvent plus être des prétextes suffisants pour établir entre deux termes une prétendue parenté, tandis qu’au contraire des mots très différents doivent être considérés comme venant l’un de l’autre lorsque la série des formes intermédiaires peut être établie sans incertitude ni lacune.

Nous essayerons de faire bien comprendre aussi que la linguistique procède à l’analyse de chaque partie des mots avec autant de rigueur que la chimie à celle des corps.

Il n’y a dans les mots rien d’inutile : leurs moindres parties sont profondément significatives ; chacun de leurs tronçons, réduit à une syllabe, parfois même à une lettre, fournit son contingent au sens total ; et l’analyse de ces divers éléments est si naturelle, si instinctive, qu’il n’est personne qui ne la fasse, mais souvent, il faut en convenir, à la façon dont M. Jourdain disait de la prose : sans le savoir.

Le verbe raffermir, par exemple, contient dans les trois syllabes dont il se compose quatre éléments bien distincts : d’abord, la portion qui donne au mot sa signification principale, le radical FERM qui, suivant la terminaison qu’on y joint peut former :

Un adjectif ... Ferm e
Un adverbe ... Ferm ement.
Un substantif .. Ferm été.

Ensuite, la désinence ir, qui communique ici à ce