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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

divers par leur langue, leurs institutions et leurs lois : les Belges, les Aquitains, et les Celtes appelés Gaulois par les Romains.

Il nous fait connaître avec précision la position respective de chacun d’eux : les Gaulois étaient séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Seine et la Marne.

Bientôt la langue du vainqueur pénètre profondément ces divers idiomes, qui se modifient et se confondent sous l’action puissante de l’élément latin et se développent ensuite dans ce sens nouveau.

Plus tard viennent les Francs ; ils soumettent à leur tour une portion du pays auquel ils auront la gloire de donner un nom définitif, et pourtant ils introduisent dans la langue quelques mots isolés, sans rien changer à son ensemble.


Il est intéressant et vraiment philosophique d’examiner la nature des mots celtes ou germaniques qui ont persisté jusque dans notre français moderne :

Les mots Celtes sont, en général, des noms d’animaux, de plantes, de productions naturelles, des termes d’agriculture ;

Les mots germaniques sont des noms d’armes, des termes de guerre.

Tout cela ne va pas bien loin : c’est toujours le latin qui est la vraie et principale source.

On a cherché à établir d’une façon mathématique la part de chaque élément dans la formation de notre langue. M. A. de Chevallet, qui a tenté de dresser cette curieuse statistique, a soigneusement examiné l’origine de chacun des termes contenus dans nos plus anciens textes français ; voici le résultat auquel il est arrivé :

« Si l’on juge d’après ces textes, les mots dérivés du germanique ne formaient qu’environ un quinzième de