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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

XII

La ponctuation est peut-être de toutes les parties de la grammaire celle sur laquelle on est le moins d’accord.

Si nous lisons la même page de Bossuet, de Pascal ou de Fénelon, dans plusieurs de ces belles éditions publiées, sous le premier Empire ou pendant la Restauration, chez nos meilleurs imprimeurs, nous sommes frappés des différences considérables que présente la manière dont elle est ponctuée.

Si maintenant nous comparons l’une de ces éditions aux éditions originales, les différences, encore plus nombreuses, ne portent plus seulement sur de menus détails, mais sur l’ensemble tout entier et sur le principe même qui a servi de point de départ.

Ce qui frappe tout d’abord, c’est qu’au xviie siècle on répétait les signes beaucoup moins souvent que de nos jours ; et, bien qu’autrefois, comme aujourd’hui, l’arbitraire et la fantaisie de chacun jouent en cette matière un rôle considérable, on ne se trompera guère en disant qu’en thèse générale l’ancienne ponctuation est plus faite pour la voix et le débit, la nouvelle pour l’œil et pour la lecture silencieuse et personnelle.

La première marquait largement les divisions principales, la seconde fait ressortir jusqu’aux moindres incidentes.

Enfantée par les grammairiens du xviiie siècle, elle peut, sans inconvénient, s’appliquer aux petites phrases incisives et morcelées de cette époque, et convient pour