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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

elle ne mérite à aucun point de vue l’importance quasi superstitieuse qu’on lui accorde, et n’indique point ainsi qu’on le croit, chez celui qui la pratique avec exactitude, une connaissance satisfaisante de notre langue.

Dans nos écoles primaires, il est impossible aux élèves et même aux maîtres, de remonter, à l’aide des livres actuels d’enseignement élémentaire, aux véritables principes des règles ; ce qui en rend l’application aussi difficile qu’incertaine.

Dans les collèges, l’étude des langues anciennes est censée conduire à la connaissance de la nôtre. Cela serait vrai si ces langues étaient étudiées historiquement ; mais, avec l’état actuel des choses, on peut avancer, sans exagération ni paradoxe, que nos bacheliers ès-lettres ne sont pas tous parvenus à cette correction orthographique inconsciente et routinière, apanage assuré des bons élèves de nos écoles.

Pour remédier à de tels inconvénients et rendre ces études plus faciles, chaque grammairien a proposé à son tour sa réforme orthographique ; et, actuellement encore, des tentatives fort érudites et consciencieuses ont lieu en ce sens[1].

Quant à nous, nous contentant d’expliquer de notre mieux les irrégularités de notre orthographe, nous en ferons connaître les origines, nous en indiquerons les courants contraires ; mais, tout en montrant qu’elle est également insuffisante pour peindre la prononciation et pour rappeler l’étymologie, nous l’accepterons comme un fait, et nous nous garderons d’y rien changer, de peur d’augmenter encore la confusion que nous avons pour tâche de dissiper.

  1. Observations sur l’orthographe française, suivies d’un exposé historique des opinions et des systèmes sur ce sujet depuis 1527 jusqu’à nos jours, par Ambroise-Firmin Didot. — Paris, Ambroise-Firmin Didot, 1867, in-8o.