Quelques-uns des plus illustres prirent même l’initiative de certaines réformes importantes.
En 1663, Corneille, dans la belle édition in-folio qu’il donne de son théâtre, distingue l’u du v, et l’i du j ; il accentue tous les e fermés, qui ne l’étaient jusqu’alors qu’à la fin des mots ; et ce n’est pas sans quelques précautions préliminaires qu’il annonce ces utiles innovations, que nous serions portés à croire plus anciennes, et qui ne furent cependant généralement adoptées que beaucoup plus tard[1].
Vers le dernier quart du xviie siècle, en 1674, l’Académie française, résolue à travailler sérieusement au Dictionnaire qu’elle avait entrepris depuis si longtemps et qui ne parut pour la première fois que vingt ans après, désigna plusieurs de ses membres afin de déterminer l’orthographe qu’on adopterait dans cet ouvrage. Corneille, dont le nom figure sur la liste de cette commission, n’en partagea point les travaux ; Bossuet et Pellisson, au contraire, y prirent une part active et présentèrent de judicieuses observations ; mais, moins influents en ces matières que ne l’était alors le grammairien Doujat, ils virent adopter, contre leur avis, beaucoup de règles absolues et mal fondées dont plusieurs, encore en usage aujourd’hui, jouissent par malheur du bénéfice de la prescription[2].
On le voit, l’orthographe illogique et capricieuse que nous subissons (et que nous ferons bien, après tout, de conserver, par le seul motif qu’elle est en vigueur), n’a commencé à se constituer d’une façon quelque peu uniforme qu’après l’apparition de nos plus grands chefs-d’œuvre, et malgré l’opposition de nos meilleurs écrivains ; tronquée encore pendant tout le xviiie siècle,