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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

invitée à s’incliner. Mais si, lisant La Fontaine avec un de mes élèves, je trouve ces vers :

Je suis Oyseau : voyez mes aisles
Vive la Gent qui fend les airs ![1]

et que, expliquant ce mot, j’y rattache le pluriel gens et les expressions : les vieilles gens, les bonnes gens, voici que l’élève commencera à réfléchir. Je lui dirai alors que le sens du mot gens étant devenu de plus en plus semblable à celui du mot homme, il a été fait masculin, excepté dans ces quelques locutions qui étaient trop bien établies par l’usage pour qu’on pût les modifier. L’élève aura une vue sur le passé de la langue et il n’en retiendra que mieux la règle[2]. »

Ajoutons que, par suite d’une assimilation du même genre entre homme et personne, ce dernier mot a lui-même été suivi assez fréquemment chez les auteurs du dix-septième siècle d’un pronom masculin :

« On rend une personne insensible quand on le reprend trop[3]. »

« C’est de ces sortes de personnes que le Seigneur a prédit qu’ils seroient sauvés difficilement[4]. »

Un seul fait incontestable allégué à propos, résoudra souvent d’une manière définitive plusieurs questions depuis longtemps controversées :

J’obtiens lettres royaux, et je m’inscris en faux.
dit Chicaneau dans Les Plaideurs[5], en racontant à la comtesse les diverses phases de son procès. Là-dessus
  1. Livre II, fable 5.
  2. Quelques mots sur l’Instruction publique en France, par Michel Bréal. — Paris, Hachette, 1872, p. 46.
  3. Racine. Livres annotés, tome VI, p. 307, édition de M. Mesnard.
  4. Racine. Des saints Martyrs d’Alexandrie, tome V, p. 590.
  5. Acte I, sc. vii.