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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

des règles données dans le premier ouvrage, d’en faire connaître avec plus d’étendue et de détails les diverses applications d’indiquer les vraies causes des exceptions et des irrégularités apparentes.

Mais il importe de ne point confondre la grammaire historique de notre langue avec l’histoire de la formation de notre vocabulaire ou avec la grammaire de l’ancien français, ainsi qu’on l’a fait dans quelques ouvrages récents, fort remarquables d’ailleurs.

Une grammaire historique pratique doit prendre notre grammaire actuelle telle qu’elle est, indiquer l’origine et parfois la date précise des règles aujourd’hui reconnues et observées, enfin, expliquer et résoudre les anomalies et les exceptions en les signalant comme des vestiges et des débris de divers états de la langue.

Ainsi entendue, elle devient le complément naturel et nécessaire de l’excellent dictionnaire de M. Littré, qui n’est pas non plus le vocabulaire complet de notre langue à toutes les époques, mais seulement celui du français de notre temps, éclairci par le rapprochement des formes et des sens actuels avec ceux qui ont été employés jadis.

La nécessité, indispensable même pour l’enseignement primaire, de ne plus avancer de faits sans en indiquer la cause, commence à frapper tous les bons esprits ; et nous ne saurions mieux faire, pour donner plus de poids et d’autorité aux idées que nous défendons, que de citer cette page excellente, et parfaitement appropriée à notre sujet, d’un livre tout récent, où M. Bréal, l’éminent professeur du Collège de France, réclame avec autant d’ardeur que de logique une réforme générale de l’enseignement.

« Il est certain qu’une règle ainsi formulée : Gens est féminin quand l’adjectif précède, masculin quand l’adjectif suit, n’a rien qui stimule l’esprit. C’est un cas de tératologie grammaticale devant lequel l’intelligence est