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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

l’un des plus longs et des plus difficiles, celui du verbe.

Dans les verbes latins les divers changements de personne, de temps et de mode de la conjugaison active et de la conjugaison passive, sont exprimés par un même mot dont les terminaisons seules varient : amo (j’aime), amaveram (j’avais aimé), amor (je suis aimé), etc.

Cependant trois temps du passif, le parfait, le plus-que-parfait et le futur passé, manquent tant à l’indicatif qu’au subjonctif de formes particulières ; on y supplée à l’aide du participe passé et des temps du verbe esse (être) : amatus sum (je fus aimé), amatus sim (que j’aie été aimé), amatus eram (j’avais été aimé), amatus essem (que j’eusse été aimé), amatus ero (j’aurai été aimé).

Cet expédient, tout exceptionnel en latin, a pris une grande place dans notre langue ; ce qui est la conséquence de son caractère profondément analytique, que nous faisions remarquer il y a un instant en parlant du substantif[1].

Le verbe passif n’existe pas en français ; l’idée qu’il exprime ne peut être rendue que par des locutions formées d’un participe passé accompagné des divers temps du verbe être : je suis aimé, j’étais aimé, etc.

Quant au verbe actif, bien qu’il renferme un plus grand nombre de temps que le verbe latin dont il est dérivé, il ne possède de formes particulières que pour les principaux d’entre eux ; il y supplée, pour les autres, à l’aide de locutions dans lesquelles le verbe avoir joue le même rôle que le verbe être à l’égard du passif : j’ai aimé, j’avais aimé, j’aurais aimé, etc.

Les temps qui ont une forme qui leur est propre, comme j’aime, j’aimerai, sont appelés par les grammairiens temps simples ; ceux qui ne peuvent être exprimés qu’à l’aide du verbe avoir, comme j’ai aimé, j’aurai aimé, sont appelés temps composés. Je ne vois aucun inconvé-

  1. Voyez ci-dessus page 18.