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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

les auteurs de grammaires élémentaires ont eu le tort de ne le point classer parmi les autres adjectifs déterminatifs, et de continuer à en faire une partie du discours.

Le participe mérite moins encore peut-être que l’article d’être considéré comme une des parties du discours.

Tous les grammairiens, sans exception, le reconnaissent comme mode impersonnel du verbe et lui donnent place, à ce titre, dans la conjugaison. Sous quel prétexte peuvent-ils ensuite en faire un chapitre à part au lieu d’en parler simplement dans celui du verbe ?

Le pronom exigera, au contraire, un peu plus de développements qu’il n’en reçoit d’ordinaire.

Le chapitre qui lui est consacré est enseigné aux enfants avant qu’ils sachent à aucun degré ce que c’est qu’un sujet ou un complément : il, le, lui, leur dit-on, sont des pronoms de la troisième personne ; mais on se garde de leur faire comprendre l’usage si différent de ces trois mots.

Qui ne voit que dans cette phrase : « Il le lui a dit » le pronom de la troisième personne est employé successivement d’abord comme sujet, ensuite comme complément direct, enfin comme complément indirect, et qu’il importe de faire connaître ces divers emplois ?

Le latin a trois genres : le masculin, le féminin et le neutre ; le français n’a conservé que les deux premiers, dans les noms et dans les adjectifs, mais dans les pronoms il les a gardé tous les trois : celui-ci, celle-ci, ceci ; celui-là, celle-là, cela. Celui-ci, celui-là remplacent les noms masculins, celle-ci, celle-là les noms féminins ; il n’en est pas de même de ceci, cela, qui ne peuvent remplacer ni le mot homme ni le mot femme, mais qui s’appliquent à un objet dont on ignore la nature : qu’est-ce que cela ? ou à quelque chose qu’on veut rappeler : je lui ai dit cela, ceci prouve que

Ceci, cela, ne sont, par conséquent, ni masculins, ni