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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

uns contre les autres, se querellent pour quelques règles particulières ou pour de minces questions de rédaction, en reproduisant toujours, dans ses moindres parties, le même inévitable programme. D’autres, moins sages encore, voulant innover à tout prix, se précipitent dans le champ sans limites des fantaisies individuelles et des réformes grotesques, sans qu’il résulte de ces tentatives, je ne dirai pas un bon ouvrage, mais seulement un livre original.

VI

En voyant les même traités réimprimés, imités, contrefaits avec une persistance si unanime, on serait tenté de penser que la science grammaticale est faite, qu’elle a atteint son but, qu’elle ne peut aller plus loin.

Qui croirait que, bien au contraire, elle est entrée depuis le commencement de ce siècle dans des voies toutes nouvelles et qu’elle a proclamé un grand nombre de vérités incontestables dont aucune n’a encore pénétré dans l’enseignement élémentaire ?

Ces belles recherches, qui se continuent chaque jour sous nos yeux sans que nous daignions y accorder une attention suffisante, ont changé le principe fondamental de l’étude de notre langue, ou tout au moins l’ont étendu au point de le transformer.

Vaugelas avait proclamé avec raison que l’usage est « le fondement et la reigle de toute nostre langue[1] »

  1. Préface, § 4.