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DE L’ENSEIGNEMENT DE NOTRE LANGUE

écrivains comme des négligences fâcheuses, ou même comme de véritables fautes de langage, tout ce qui s’en écartait.

Telle était leur manière de faire apprécier nos classiques à la jeunesse.

Bientôt d’utiles auxiliaires leur vinrent en aide : les éditeurs de nos auteurs du xviie siècle.

Ceux-ci s’appliquèrent le plus consciencieusement du monde à rectifier, suivant le goût du jour, les incorrections de nos grands écrivains. Ils leur imposèrent une orthographe mixte qui n’a existé à aucune époque, les soumirent aux plus récentes subtilités des règles de participes, changèrent dans leurs œuvres le genre des noms, l’accord des mots ; et l’on dut se trouver bien heureux lorsqu’ils ne s’avisèrent pas de leur prêter de l’esprit.

Ces textes nouveaux facilitèrent beaucoup la besogne des grammairiens, qui purent alors citer Corneille ou Molière à l’appui de règles qui n’existaient pas de leur temps.


Presque tous les livres élémentaires aujourd’hui en usage ne sont que des résumés des ouvrages dont nous venons d’indiquer les tendances.

La grammaire générale et philosophique y est représentée par quelques principes exposés sous une forme métaphysique et en termes très absolus ; les parties techniques de l’œuvre, et en particulier les modèles de conjugaison des verbes, n’ont presque pas varié depuis les grammaires du xvie siècle, transcrites, pour ainsi dire, sur celles de la langue latine ; enfin, souvent les observations, fournies par le recueil de Vaugelas et par d’autres études analogues, n’ont été ni fondues ni mises en ordre, et sont réunies à la fin du volume sous le titre, trop bien justifié, de Remarques détachées.

La plupart des auteurs de ces traités, très animés les