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PHILOLOGIE COMPARÉE SUR L’ARGOT

plaisantes et triviales que nous aimerions mieux appeler du nom de patois de Paris, nous avons un tout autre reproche à lui faire, car son livre ne contient que la moindre partie de ce langage si variable, si difficile à recueillir.

M. Francisque Michel explique fort bien cette locution : avoir de la salade, pour : être fouetté. Il fait observer que le mot salade n’est ici qu’une corruption de salle, et que fouetter un écolier en public s’appelait autrefois : donner la salle. Rien n’est plus juste ; mais, au lieu de citer à ce sujet Leroux et Oudin, il eût mieux valu remonter jusqu’à Mathurin Cordier, qui, dans un ouvrage[1] où il enseigne aux écoliers à traduire en latin élégant les termes de leurs entretiens ordinaires, nous a conservé les détails les plus curieux et les plus complets sur leurs habitudes et leur langage.

Le spirituel auteur du Vocabulaire du Berry a signalé dans sa Préface les nombreux synonymes que le mauvais état des routes et la nature des terrains ont inspirés aux habitants de cette province, pour désigner toutes les espèces de boue. Les écoliers du xvie siècle avaient presque autant d’expressions différentes signifiant recevoir le fouet. Tu en as bien arraché ; il n’en a pas seulement arraché, mais il en a bien moulé ; il sera basculé ; tu seras infâme de ceci » ; tels sont les principaux termes destinés parmi eux à rendre cette idée.

M. Francisque Michel, après avoir remarqué, à l’article guinal, que quinaud se dit d’un singe, et par suite, d’une créature laide ou contrefaite, rapporte des exemples où ce mot signifie confus, interdit, et selon lui, « dans ce sens-là, quinaut ou plutôt quinaud était synonyme de camus, aspect que présentent les singes, et qui se disait des gens surpris, confondus, attrapés. »

La conjecture semblait assez naturelle, mais nous

  1. De corrupti sermonis emendatione.