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REMARQVES SVR L’ORTHOGRAPHE FRANÇOISE

nous l’avons vu, l’a constaté dès la première page ; les conclusions de Regnier, à la fin du volume, sont semblables, mais un peu plus sévères encore :


J’ay veu ces remarques avec soing ; et j’y trouve de tres bonnes choses ; mais tout cela a besoing d’une revision tres exacte, et d’un meilleur ordre ; tantost cest un particulier qui propose des doutes comme ils luy viennent a lesprit, tantost cest une compagnie qui parle avec authorité. Luniformité ny est point gardée pour lenonciation et on n’y a pas assez examiné les reigles les plus generales et les plus succinctes, enfin tout cela a besoing d’un grand Examen. Pour moy, mon advis seroit que lorsque tous les particuliers de la compagnie auront fait leurs observations, on redonnast charge à M. de Mezeray de refondre la chose avec M. Doujat ; et avec un autre qu’on deputeroit avec eux. Les difficultez qui ne se pourroient pas resoudre entre eux trois, seroient portées à la compagnie, mais je croy qu’il y en a peu dont ils ne convinssent facilement. Et je ne doute point quapres cela on n’eust un traité d’orthographe très exact et très digne de l’Académie. »


Bossuet approuva ce jugement en ces termes :


« Je suis de mesme auis et ie voudrois nommer M. Regnier luy mesme avec ces deux messieurs[1]. »


  1. Mentionnons encore, mais seulement afin de ne rien oublier, diverses remarques peu importantes de Bossuet.

    Dans un passage où il s’agit d’établir si la lettre L se change en U devant une autre consonne. Bossuet met en marge : « Alter, autre, que l’ancienne orthographe écriuoit aultre. » (Fol. 4, recto).

    On lit dans le projet de traité :

    « Quand il y a dans le latin une lettre qui, constamment, est charactéristique, elle demeure dans le francois, si ce n’est qu’elle se change en une autre, par exemple il faut escrire puits. » (Fol. 5 recto).

    Bossuet propose de modifier cette rédaction : Elle demeure si ce n’est qu’elle se change. « Il faut changer cette expression qui a un air de répétition uicieuse : elle ne se perd en francois que lorsquelle se change en une autre. »

    Il ajoute :

    « Je dirois un puys et des puys. — Et moy non, dit Pellisson, un puy n’est qu’une montagne. »

    En regard du titre suivant : « Détail pour voir et connoistre quand les consones sont simples ou doubles après les voyelles, » Bossuet écrit : « Asseurement ce titre doit estre changé. » (Fol. 8, verso). Un peu plus loin (fol. 8, verso), il note ainsi sa manière d’écrire certains mois : « Estaler ou étaler, installer, calus. »