Page:Marty-Laveaux - Études de langue française, 1901.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
303
REMARQVES SVR L’ORTHOGRAPHE FRANÇOISE

les consonnes qu’il faut doubler, Bossuet écrit[1] :


Que dira t on sur exagerer, exageration ? Je n’y mets qu’un g[2] ; iecris aggresseur, aggrauer. Agrandir, si ie ne me trompe, s’établit ; abattre, quoyque nous fassions, l’emportera contre abbattre. Je ne vois pas ici a deuant n : annuler, annexer, annexe, annoter, annotation, terme de pratique ; aneantir par une seule n. Annoblir ou anoblir, ou bien est-ce ennoblir comme quelques-uns l’ecrivent mal à mon auis, et contre l’analogie.


Au-dessous, Pellisson ajoute :


Bon pour toute la remarque.


Mais bientôt l’assertion que renferme la dernière partie de la note de Bossuet, allait rencontrer en Doujat un contradicteur très déterminé.

On trouve un peu plus loin, dans le texte de Mézeray[3], la règle suivante :


Géneralement parlant, quand il y a un a ou un e deuant l’n, elle est simple… exceptez… ennuy, ennoblir (qui signifie illustrer).


Voici les notes que la dernière partie de cette remarque a provoquées :


Ennoblir. J’en doute (Tallemant).

Je doute d’ennoblir (Segrais).

On escrit annoblir. Il a esté decide dans la compagnie qu’anoblir est rendre noble, et ennoblir rendre illustre (Doujat).

Je doute un peu d’ennoblir, mais ie me rends a l’autorité de la compaignie si elle la décide (Bossuet).

J’appelle ad majus concilium sur la distinction pretendue d’anoblir et ennoblir. Je croy le dernier mauvais (Pellisson).


Par malheur, Pellisson ne donna pas suite à cet appel, ou bien il ne fut pas accueilli favorablement, car la dernière édition des Remarques maintient cette distinction, à coup sûr fort arbitraire et très peu fondée.

Notre langue n’en a que trop de ce genre, qui toutes

  1. Fol. 6, verso.
  2. Un peu plus loin (folio 8, verso), à propos d’une liste où « exagérer » paraît, il met en marge : « un seul g. »
  3. Fol. 11, recto.